Quand la biotechnologie réinvente le diagnostic et le traitement du cancer
Chaque année, le Grand Prix i‑PhD récompense des jeunes scientifiques dont les innovations peuvent devenir des start-ups à fort impact. Cette année, Sandy Payan, ingénieure au BIAM, est lauréate du concours pour MTBiocare, une technologie de nanoparticules de fer capable de transformer le diagnostic et le traitement des cancers solides. Son projet promet une médecine plus précise, sûre et respectueuse de l’environnement.
De la recherche fondamentale à l’innovation concrète
Sandy Payan a commencé son parcours avec une thèse en biologie du développement, centrée sur une protéine candidate pour la régénération cardiaque, visant à améliorer la vie des patients atteints d’insuffisance cardiaque : « Depuis toujours, j’ai été animée par l’envie de relier la recherche fondamentale à un impact concret sur la santé », explique-t-elle. Aux côtés de Sandra Prévéral ingénieure-chercheuse au BIAM, elle co-pilote le projet MTBiocare, une technologie capable de transformer le diagnostic et la thérapie du cancer. Être lauréate du Grand Prix i‑PhD est une opportunité stratégique majeure, offrant accompagnement, mentorat et visibilité nationale et européenne.
L’innovation : des particules 20 fois plus puissante
Le cœur de MTBiocare repose sur des nanoparticules de fer naturellement produites par des bactéries environnementales : les magnétosomes. Ces particules, modifiables à façon grâce à un savoir-faire unique en génie génétique développé au sein des laboratoires du BIAM, sont jusqu’à 20 fois plus puissantes que les agents de contraste IRM actuellement utilisés. Elles ciblent spécifiquement les tumeurs solides et présentent un fort potentiel thérapeutique : « Notre technologie relève un triple défi : i. elle permet un diagnostic plus précoce et précis des tumeurs, ii. optimise leur traitement et iii. réduit la toxicité des agents de contraste à base de gadolinium », explique Sandy Payan.
Sur le plan médical, elle ouvre la voie à une médecine plus personnalisée, alors que sur le plan environnemental, elle se substitue à l’usage du gadolinium, un métal rare dont l’extraction et la présence croissante dans les milieux aquatiques posent un sérieux problème écologique.
Le recours au fer comme alternative offre une solution durable et stratégique. Cette approche permet :
- de réduire la dépendance aux matières premières importées, notamment au gadolinium principalement extrait en Chine
- de garantir un approvisionnement pérenne en agents de contraste sur le territoire national
Dans le contexte géopolitique actuel, marqué par des tensions sur l’accès aux produits de santé et aux terres rares, le développement d’agents de contraste à base de fer naturellement produit à l’aide de bactéries, contribue à renforcer la souveraineté industrielle et sanitaire de la France, tout en assurant une production continue sûre, efficace et respectueuse de l’environnement.
Au-delà de l’innovation médicale, MTBiocare propose une solution écologique souveraine, limitant la dépendance aux terres rares et assurant un approvisionnement durable pour les centres de santé.
Magellan : une valorisation pensée pour le marché
Grâce au programme Magellan, les deux porteuses renforcent leur connaissance du marché et leurs compétences entrepreneuriales pour créer une start-up. Les prochains objectifs seront de faire progresser MTBiocare de la preuve de concept (TRL 3) au niveau TRL4/5 validant la démonstration réelle, sécuriser les aspects réglementaires, et préparer la montée en échelle industrielle. « Le soutien du programme nous permet de transformer ce projet de laboratoire en start-up viable, tout en consolidant notre réseau et en préparant le terrain pour des partenariats industriels et institutionnels », projette la jeune femme.
En effet pour les investisseurs, MTBiocare représente une opportunité rare de soutenir une innovation à fort potentiel scientifique et économique, dans un domaine en pleine expansion comme l’oncologie personnalisée.
Recevoir le Grand Prix i‑PhD constitue une reconnaissance importante de la qualité scientifique et du potentiel de MTBiocare. Le prix offre à Sandy Payan et son équipe un mentorat sur mesure, l’accès à un réseau d’experts en innovation et financement, ainsi qu’une visibilité nationale et européenne. Ce label crédibilise la démarche auprès des investisseurs et partenaires industriels, et ouvre la voie à la création de la start-up en 2027.
Contact sandy.payan@cea.fr
Références
Mériaux et al., 2015- Advanced Healthcare Materials DOI.org/10.1002/adhm.201400756
Boucher et al., 2018- Biomaterials : DOI 10.1016/j.biomaterials.2016.12.013
Plan Sangnier et al., 2018- Journal of Controlled Release : DOI 10.1016/j.jconrel.2018.04.036
Preveral et al. 2020, Nanomedicine: Nanotechnology, Biology and Medicine DOI : 10.1016/j.nano.2019.102084
Payan et al. 2025, Journal of Chemical Technology & Biotechnology DOI : 10.1002/jctb.7878